Hitler et les femmes (épisode 2): le cas Unity Mitford

l’Englischer Garten, ou jardin anglais en français, est le plus grand parc de Munich. Il pourrait représenter le Central Park de la capitale bavaroise. D’une superficie de 375 hectares (Central Park n’en fait « que » 341) ce véritable poumon situé au coeur de la ville est un espace prisé des munichois.

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l’Englischer Garten

On y pratique le jogging, le football ou même le surf. Il fut ouvert au public en 1792, et existait donc dors-et-déjà pendant la période nazie. C’est d’ailleurs dans ce parc que le 3 septembre 1939, quelques heures seulement après la déclaration de guerre de l’Angleterre à l’Allemagne, qu’une jeune femme anglaise de 25 ans, répondant au nom d’Unity Mitford, se mit une balle dans la tête avec un révolver que lui avait donné auparavant le maître du IIIème Reich, Adolf Hitler.

Nombre d’articles, de livres , de documentaires ont traité du rapport d’Hitler avec les femmes. Le sujet a fait couler beaucoup d’encre. Il est aujourd’hui avéré, grâce notamment aux témoignages de proches, qu’Hitler, lors de ses jeunes années de bohème, n’eut aucune relation avec quelque fille que ce soit. D’un naturel timide, il semblait totalement apeuré par les femmes, et se cachait souvent sous de faux prétextes (peur d’attraper la syphilis, dénigrement permanent des femmes qui ne comprenaient rien à rien, etc) afin de justifier sa solitude.

Comme l’indique bien François Kersaudy dans son livre « Les secrets du IIIème Reich », la première véritable relation qu’Hitler eut date de 1925. Heinrich Hoffmann nous livre d’ailleurs une anecdote amusante sur le sujet. Il relate que lors d’une soirée du nouvel an de 1924, à laquelle Hitler participait, une femme prit l’initiative d’entraîner le futur Führer sous une branche de gui afin de l’embrasser.  » Je n’oublierai jamais l’expression d’étonnement et d’horreur qui s’est reflétée sur le visage d’Hitler! » raconte Hoffmann. »Il était déconcerté et désemparé comme une enfant , et il se mordait les lèvres pour tenter de maîtriser sa colère. Dès lors, l’atmosphère était devenue presque glaciale. »

C’est donc réellement à partir de 1925, année de ses 37 ans, qu’Hitler se mit à s’intéresser aux femmes, et plus particulièrement aux jeunes femmes. On en connaît quelques unes : Sa nièce, Geli Hitler (qui finira par se suicider), Eva Braun, Maria Reiter, ou encore, celle qui nous intéresse aujourd’hui, Unity Mitford.

Unity Mitford est un véritable personnage de roman.  Née le 8 août 1914 à Londres au sein d’une famille de la vieille noblesse anglaise, et dôtée d’un caractère très difficile, elle fut rapidement intéressée par les idées d’extrême-droite, certainement influencée par les idées de l’amant et futur mari de sa soeur, Oswald Mosley, fondateur de la British Union of Fascists (BUF) en 1932, un mouvement fasciste. On raconte également que son attirance pour les idées fascistes avait pris forme pour être en opposition avec sa jeune soeur, qui avait des attirances pour le communisme.

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Unity Mitford

Quoiqu’il en soit, Unity, comme beaucoup de jeunes d’extrême-droite, eut de la facination pour Adolf Hitler, au point de décorer sa chambre de croix gammées et du portrait du Führer. Elle partit même avec sa grande soeur, en septembre 1933, à Nuremberg (Congrès dit « de la Victoire » en l’honneur de l’accession au pouvoir le  de Hitler qui se tint du  au 

Au point de demander dès son retour d’Allemagne à ses parents de l’inscrire dans une école de langue à Munich, afin de pouvoir se perfectionner dans la langue allemande. Le but de ce voyage qui débuta pendant l’été 1934 fut de rencontrer le Führer. Hors, à Munich, Hitler était très disponible à cette époque et chacun connaissait ses habitudes. Ainsi, le Führer mangeait très souvent au restaurant « Osteria Bavaria » situé sur la Schellingstraße, au numéro 62. Il y avait sa table réservée, contre la fenêtre. Ce restaurant, qui s’appelle aujourd’hui Osteria Italiana, est d’ailleurs resté en l’état. Ainsi pendant 10 mois, la jeune Unity essaya de se faire remarquer par Hitler. Ce dernier finit par l’inviter à sa table :

« Je me suis assise à sa table pendant une demi heure : je ne saurais énumérer tous les sujets que nous avons évoqué : je lui ai dit qu’il devrait se rendre en Angleterre et il m’a répondu qu’il adorerait cela mais qu’il avait peur qu’il y ait une révolution s’il venait en Angleterre. »

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Hitler à l’Osteria Bavaria

Puis Hitler lui donna une carte postale dédicacée et la remercia. A partir de cette date et jusqu’en 1939, Unity Mitford et Adolf Hitler se rencontrèrent plus de 140 fois. Si Unity était totalement folle de lui, le Führer s’était lui aussi attaché à cette femme, archétype de la femme aryenne, ayant un grand-père qui fut ami personnel de Richard Wagner, le compositeur préféré d’Hitler. De plus, le deuxième prénom de Unity était Valkyrie. Il s’agissait pour lui d’un véritable signe envoyé du ciel. Très vite, Unity fit parti du cercle des intimes, ce qui rendit jalouse Eva Braun et mis mal à l’aise les dignitaires nazis, qui soupçonnaient Unity d’être une espionne britannique. Hitler lui donna également un appartement dans Munich et l’invita plusieurs fois à Berchtesgaden.

Unity fut totalement acquise aux idées nazies, au point de provoquer des scandales lors d’interviews donnés à des journalistes dans lesquels elle déclara détester les juifs. Son idéal suprême était de voir l’Angleterre, sa patrie qu’elle aimait et l’Allemagne, son pays d’accueil, unies. Mais, si Hitler avait toujours respecté l’Angleterre qu’il considèrait comme une grande nation, il savait pertinemment que la guerre n’en était pas moins inévitable. Malgré l’optimisme de Unity, la montée des périls annonçait un conflit.

Et le 3 septembre 1939, C’est à la radio que Unity entendit l’annonce de la déclaration de guerre de l’Allemagne à l’Angleterre. Visiblement très perturbée, elle sortit de chez elle, se rendit alors au jardin anglais, situé juste à côté. Elle dégaina son revolver et se tira une balle dans la tête. Elle s’effondra. La balle pénètra sa tempe droite mais se logea dans le crane, évitant la mort. Elle tomba directement dans le coma. Elle n’avait alors que vingt cinq ans.

Hitler fut mis au courant de la situation très rapidement, et fit, comme à son habitude, immédiatement interdire la diffusion d’une quelconque information dans la presse. La tentative de suicide d’Unity Mitford n’existait tout simplement pas pour l’opinion publique. Hitler rendit visite à la jeune anglaise, toujours plongée dans le coma, le 10 septembre. Elle se réveilla quelques jours plus tard. C’est le Führer lui même qui prit en charge ses soins médicaux.

Le 8 novembre, le Führer lui demanda ce qu’elle souhaitait faire afin de se soigner : elle lui répondit qu’elle aimerait se rendre en Angleterre auprès de sa famille. La presse n’ayant révélé aucune information, ce fut seulement début novembre que ses parents apprirent que Unity avait tenté de se suicider et que le Führer était en train d’arranger son transfert via la Suisse.

Le 29 décembre 1939, sa mère et sa soeur Deborah arrivèrent en Suisse pour récupérer Unity. L’apparence physique de la jeune femme les choquèrent profondément.

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Unity et ses soeurs

Dans une lettre de 2002 à The Guardian, Déborah raconte l’anecdote : « Nous n’étions pas préparées à ce que nous allions trouver — une personne couchée dans un lit et gravement malade. Elle avait […] des yeux énormes et les cheveux emmêlés, mais était intacte alors que la balle avait traversé son crâne. La balle était encore dans sa tête, le docteur a dit que c’était inopérable. Elle ne pouvait pas marcher, parlait avec difficulté et sa personnalité avait changé, comme si elle avait subi un accident vasculaire cérébral. Non seulement son apparence était choquante mais elle avait l’air d’être étrangère, quelqu’un que nous ne connaissions pas. Nous l’avons ramenée en Angleterre dans une voiture-ambulance attelée à un train. Chaque secousse du voyage a été une agonie ».

Arrivée en Angleterre, Unity fut transférée sur l’île d’Inch Kenneth, en Ecosse, afin d’éviter les journalistes, qui reprochaient à Unity et à sa famille d’être des alliés du IIIème Reich. C’est sur cette île qu’Unity décéda, en 1948, des suites d’une méningite, diagnostiquée suite à l’infection de la balle logée dans la tempe droite. La jeune femme mourut le 28 mai 1948 à l’âge de 34 ans.

On ne sait pas comment Hitler prit personnellement la nouvelle.Ce qui est en revanche troublant, c’est que si Hitler n’est certainement pas personnellement impliqué dans la mort de Unity Mitford, il est avéré que neuf femmes avec qui il eut des relations privilégiées, ont fait des tentatives de suicide. Nous parlerons de la sexualité ainsi que de ces femmes dans un prochain article.

 Sources :

http://www.logpateth.fr/blogpress/?p=186

https://fr.wikipedia.org/wiki/Unity_Mitford

Les secrets du IIIème Reich, François Kersaudy, éditions Tempus.

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