Les sépultures des nazis

Les salauds ont souvent la peau dure. Le cas d’Erich Priebke en est un parfait exemple. Si vous n’êtes pas passionné par l’histoire du nazisme, vous ne connaissez peut-être pas son nom. Priebke, c’était un Hauptsturmführer SS, qui faisait partie des troupes postées dans l’Italie occupée par les allemands en 1944.

Erich Priebke

Priebke était détaché à Rome, sous les ordres de son supérieur . Hebert Kappler est l’homme qui fut chargé, après la conférence de Wannsee, des rafles dans la capitale romaine en vue de la Solution Finale et de l’extermination des juifs. Ainsi, en 1943, il organisa notamment une rafle dans laquelle 1 259 Juifs furent arrêtés et 1 007 d’entre eux furent envoyés à Auschwitz (13 seulement survécurent). Kappler fut arrêté à la fin de la guerre et condamné à la prison à perpétuité en Italie. En 1977, alors qu’il tomba malade, il en profita pour s’échapper et gagner l’Allemagne. Sa demande d’extradition de l’Italie sera refusée par les autorités allemandes. Il mourut à côté de Stuttgart.

Kappler, Priebke et d’autres gradés allemands sont également connus pour avoir organisé le massacre des fosses ardéatines en 1944, près de Rome. Suite à un attentat ayant tué 23 soldats allemands, Kappler ordonna à Priebke et Hass, un autre gradé SS, de prendre en otage 335 hommes. Il s’agissait de détenus et de juifs pour la majorité. En représailles, ces otages furent exécutés deux par deux d’une balle dans la tête. Priebke a lui-même tué au moi

Hebert Kappler

ns deux personnes. Il avoua d’ailleurs ses crimes à la télévision, dans une interview surréaliste réalisée en pleine rue en Argentine (voir lien dans les sources). Priebke avait en effet, grâce à la route des rats, réussi à gagner l’Argentine de Peron. L’ancien Hauptsturmführer n’a jamais émis le moindre regret d’avoir tué des civils innocents. Extradé en 1995, il fut condamné à la réclusion à perpétuité, et avait été assigné à résidence pour raisons de santé au domicile de l’un de ses avocats, à Rome. Cette assignation à résidence ne fut cependant pas respectée. Les romains purent en effet souvent croiser Priebke en scooter dans les rues de la capitale, jusqu’à son décès en octobre 2013. Un décès qui posa beaucoup de problème.

Que faire de ce cadavre encombrant? Le Vatican a immédiatement annoncé refuser l’enterrement du criminel dans une église romaine. Malgré une manifestation d’extrême-droite, les italiens refusèrent de mettre en terre Priebke. Une manifestation anti-fasciste empêcha même une tentative d’enterrement.

Manifestation anti-fasciste qui crie des slogans au passage du corbillard transportant le cercueil de Priebke à Rome

L’Italie s’est alors tournée vers l’Argentine, mais celle-ci refusa catégoriquement d’accueillir le corps de Priebke. Même son de cloche du côté de l’Allemagne.

Après plusieurs jours d’attente, et le cercueil bloqué à l’aéroport, une solution fut trouvée. On enterra Priebke dans le cimetière d’une prison. C’est tout ce que l’on sait. Le lieu fut tenu secret, afin d’éviter d’éventuels rassemblements néo-nazis. Lors du trajet on changea le corps plusieurs fois de véhicule afin de brouiller les pistes. Une simple croix en bois marque la tombe, anonyme.

Au delà de cette histoire rocambolesque, on peut s’interroger sur le poids de ces sépultures nazies. On se souvient par exemple de la tombe de Rudolf Hess, ancien dauphin d’Hitler, qui fut détruite en 2011 par les autorités allemandes. Les restes de l’ancien dignitaire furent incinérés et dispersés en mer.

En effet, Hess était considéré comme un martyr dans les milieux néo-nazis, et l’ancien dauphin de Hitler était l’objet d’un culte des extrémistes de droite en Allemagne, qui se sont longtemps rassemblés devant sa tombe, tous les ans, le 17 août, au point  de mettre mal à l’aise la petite commune de Wunsiedel.

Manifestation, le 20 août dernier (2017) en l’honneur de Rudolf Hess, à Berlin

On se rappelle également que les cendres d’Hermann Goering avaient été dispersées  dans l’Isar (rivière qui passe à Munich) et que le cadavre d’Heinrich Himmler avait été enterré dans une tombe anonyme dont le lieu est tenu secret, ceci afin d’éviter là encore les cultes.

Si ces tombes sont des poids pour certaines communes, d’autres n’ont que faire d’avoir dans leur cimetière des anciens haut dignitaires nazis. Vous pouvez ainsi visiter la tombe d’Ernst Röhm (ancien chef des SA et considéré comme un frère par Hitler jusqu’à sa disgrâce en 1934) au Westfriedhof, un des principaux cimetières de Munich. Vous pouvez également tomber sur la tombe d’Anton Drexler, fondateur du DAP, puis du NSDAP, dans ce même cimetière.

Tombe d’Ernst Röhm

Certaines sépultures sont même ornées de croix gammées ainsi que des grades des personnes inhumées. Si ces stèles ont bien souvent été construites dans les années 30, elles n’ont pas été modifiées depuis.

La question se pose: doit-on détruire ou modifier les tombes des nazis, spécialement quand celles-ci présentent fièrement les signes du IIIème Reich, ou doit-on laisser le passé où il est, et laisser les morts reposer en paix?

C’est une vraie problématique actuelle, et notamment en Bavière ou en Autriche, quand on sait que le devoir de mémoire en ces régions est hélas bien trop souvent pris à la légère.

 La vidéo de l’interview de Priebke :

http://abcnews.go.com/International/video/nazi-captain-erich-priebke-found-abc-news-20575216

 

 

Sources :

http://abcnews.go.com/International/video/nazi-captain-erich-priebke-found-abc-news-20575216

http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/07/21/la-tombe-du-nazi-rudolf-hess-a-ete-detruite_1551356_3214.html#5KikKT8lO31ld36v.99

http://geopolis.francetvinfo.fr/personne-ne-veut-de-la-depouille-de-lancien-criminel-ss-erich-priebke-24313