Himmler et le Graal

Heinrich Himmler est un personnage extrêmement complexe. On connaît le chef impitoyable de la SS, l’organisateur de la Solution Finale, le bureaucrate besogneux qui soigne les moindres détails de ces plans.

Heinrich Himmler in SS Uniform

Heinrich Himmler

On commence également, grâce à sa correspondance retrouvée récemment en Israël, à entrevoir le bon père de famille, qui, en marge de son « travail »,se montre très attentionné envers sa femme et surtout sa fille.

Ce que le grand public connaît moins de cet homme chétif, petit, dont les petites lunettes rondes permettent d’améliorer une très mauvaise vue, c’est le théoricien mystique. Himmler était un intellectuel. Il était d’ailleurs ingénieur agronome mais s’intéressait, depuis l’adolescence, à l’histoire et aux légendes. Comme beaucoup de sa génération en Allemagne, Himmler fut attiré par un dogme mystique datant de la fin du XIXème siècle, qui reprenait les traditions et les mythes scandinaves. Ce dogme engendra une croyance que des dieux, habitant une île mystique appelée Thulé, avaient donné naissance à une race d’hommes supérieurs, les fameux aryens. Cette race, pour Himmler et bien d’autres intellectuels, par le jeu des différentes migrations dans l’histoire de l’humanité, pénétra ensuite en Europe, et notamment en Allemagne.

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île de Thulé (d’après la Carta Marina de Olaus Magnus)

C’est sur cette théorie et ses influences qu’Hitler bâtit le IIIème Reich et l’idéologie du régime nazi. Il pouvait ainsi justifier l’éradication de races dites « inférieures ».

Himmler, obsédé lui aussi par la quête de pureté du sang, voulait voir émerger l’homme allemand nouveau, fidèle à l’image de l’homme-dieu des traditions scandinaves.

Il créa l’Ahnenerbe en 1935, la « Société pour la recherche et l’enseignement sur l’héritage ancestral », dont le but était d’étudier l’archéologie, l’anthropologie raciale et l’histoire culturelle de la race aryenne. Son rôle principal fut de prouver la validité des théories nazies sur la supériorité raciale des « Aryens », et que le peuple allemand était bien le descendant de ces hommes-dieux. Ainsi, Himmler se lança également à la recherche de preuves matérielles, à travers l’Europe et le monde, afin d’appuyer ses thèses raciales.

Il essaya par exemple de mettre la main sur le fameux manuscrit « La Germanie » de Tacite, datant d’environ 98 avant J-C. C’était un essai d’ethnologie, sur les tribus germaniques et qui décrivait les dieux, les coutumes et les traditions de ces dernières.

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Extrait de « La Germanie » de Tacite

Celles-ci ressemblaient étrangement à ceux des peuples de Thulé, dans la manière d’élire ses chefs par exemple ou encore dans la glorification de la bravoure. Une preuve, pour Himmler, que le peuple allemand était bien le peuple élu.

Mais Himmler était obsédé par tous les mythes et légendes du monde. Il croyait en ces histoires et assurait avoir déjà, par le biais de rites anciens, communiqué avec les morts (notamment Henri 1er, roi des Francs).

Himmler était tout particulièrement interessé par la légende du roi Arthur. Ce roi mythique, et ses chevaliers de la table ronde, qui cherchaient le Graal, source de tous les pouvoirs, impressionnent le dignitaire nazi. C’est pourquoi, lorsqu’il se retrouve à la tête de la SS en 1929, Himmler veut que son ordre noir devienne une nouvelle forme de chevalerie teutonique, digne des chevaliers de la table ronde. Dans son château de Wewelsbourg, il mit en place une école de l’élite nazie.

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Château de Wewelsbourg

Au programme, des cours de préhistoire, d’histoire, de religion et d’art. Les plus hauts dignitaires avaient leurs pièces réservées. Chaque salle était aménagée et décorée de manière à personnifier, les récits, les traditions et les croyances de chaque héros des mythes germaniques.

 

Comme toujours, Himmler cherche les preuves que les mythes sont bien réels. C’est ainsi qu’il se lance, lui aussi, à la recherche du Graal.

Ainsi, dès 1933 et l’arrivée au pouvoir du nazisme, il missionna un archéologue, dont nous avons déjà parlé : Otto Rahn.

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Otto Rahn

Cet écrivain et archéologue, après l’étude de légendes orales véhiculées par les troubadours du Moyen-Âge, fut persuadé d’avoir trouvé la piste du Graal en Occitanie. Il avait déjà mené des excavations dans le sud de la France, sans succès. Ruiné, endetté, il fut obligé de retourner en Allemagne. L’offre d’Himmler tomba à point nommé.

Rahn partit alors aux quatre coins du globe pour retrouver le Graal, dirigea des fouilles, en Islande, en Allemagne, en France pendant plus de deux ans, toujours sans succès. Himmler, extrêmement agacé par le manque de résultats, dégrada finalement Rahn en 1937, et ce dernier finit gardien des camps de concentration de Dachau et de Buchenwald. Le problème, c’est que Rahn était juif. Il finit par se faire dénoncer et se laissa mourir de froid dans les alpes en 1939, selon la version officielle. Certains assurent qu’il continua une carrière de diplomate.

Quoi qu’il en soit, Himmler n’avait toujours pas mis la main sur la relique. Il n’abandonna pas pour autant. Il n’hésita pas à faire lui-même des visites, comme en octobre 1940, à l’abbaye de Montserrat, en Espagne. Il demanda à voir les archives sur le Graal, qui furent, hélas pour lui, volées par les soldats de Napoléon.

Il existe une légende qui raconte qu’Himmler confia finalement la mission de retrouver le Graal en 1943 à un soldat d’élite très célèbre : Otto Skorzeny. C’est un militaire américain, du nom d’Howard Buechner, qui livra cette théorie dans son livre « The Emerald Cup Ark of Gold ».

Si ce nom ne vous dit rien aujourd’hui, c’est par exemple Skorzeny qui exfiltra en 1943 Mussolini, qui était alors prisonnier dans les alpes italiennes. Une mission extrêmement risquée couronnée de succès. Skorzeny était un homme d’action, courageux et extrêmement efficace.

Buechner assurait que Skorzeny avait retrouvé le Graal au château de Montségur, avant d’emporter son butin en Allemagne.

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Otto Skorzeny

Cependant, cette théorie semble difficile à prouver. Les dates avancées dans le livre de Buechner ne coïncident pas avec celles de Skorzeny. Lorsqu’il fut censé avoir retrouvé le Graal en Occitanie, Skorzeny était déjà reparti de France pour une mission en Yougoslavie et enlever Tito.

Il reste encore beaucoup de mystère entourant cette quête d’Himmler. Ce qui est certain, c’est qu’il resta obsédé, jusqu’aux dernières heures de la guerre, par le Graal. Peut-être espérait-il que le Saint Calice lui permette de retourner la situation et de donner la victoire aux nazis ? Dans tous les cas, le Graal continuera toujours de déchaîner les passions, et faire rêver les aventuriers.

 

Sources :

http://www.elishean.fr/le-manuscrit-la-germanie-a-la-base-du-mythe-aryen/

https://www.lexpress.fr/informations/quand-les-nazis-cherchaient-le-graal_681369.html

http://www.mystere-tv.com/le-manuscrit-la-germanie-a-la-base-du-mythe-aryen-v4038.html

Ré-écrire l’histoire : Otto Rahn et le trésor de Rennes-le-Château

 

 

 

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